17-04-2025

La rue ne forme pas, mais elle déforme!

De retour

Notre collègue chez BPA, Fortunat (52 ans), a vécu 7 ans dans la rue à Bruxelles et aide aujourd’hui d’autres sans-abri : "Dans la rue, tu vis dans un autre monde. La rue ne te forme pas, elle te déforme ! Chaque jour, tu es poursuivi par le stress, alors que tu veux juste être comme tout le monde."
C’est ce que déclare Fortunat à propos des années où il n’avait pas de toit à Bruxelles, alors qu’un récent dénombrement révèle une forte augmentation du nombre de personnes sans-abri ou sans domicile fixe dans la capitale. Il passait d’un squat à l’autre, tout en faisant du bénévolat. C’est ainsi qu’il a fini par obtenir un emploi au sein du Brussels Platform Armoede, où il aide désormais d’autres personnes vivant la même situation.

Il témoigne de son expérience dans une interview accordée à vrt nws à l’occasion de la publication des derniers chiffres sur les sans-abri à Bruxelles.

Près de 10.000 personnes n’ont pas de logement fixe à Bruxelles. Elles sont sans-abri ou sans domicile. Fortunat Kabwe Beya était l’un d’eux il n’y a pas si longtemps. En 2014, il est arrivé en Belgique, fuyant son pays d’origine, le Congo, pour des raisons politiques. En 2017, sa demande d’asile a été rejetée et il s’est retrouvé à la rue. Pendant sept ans, il n’a eu ni permis de séjour, ni logement fixe. Il vivait de squat en squat ou trouvait temporairement refuge chez des amis.

Il décrit la vie dans la rue comme celle dans un monde parallèle. "Quand tu n’as pas d’endroit où dormir, tu n’es jamais vraiment tranquille. La question ‘où vais-je dormir ce soir ?’ te hante en permanence, et même quand tu dors, tu ne dors jamais vraiment bien."

C’est pour cela, selon Fortunat, que les personnes sans-abri se tournent plus facilement vers l’alcool ou la drogue. "Ils pensent que ça les aidera à mieux dormir, ils essaient d’acheter le sommeil. Ce n’est bien sûr pas le cas, mais sans travail, sans distractions, sans repères, tu es poussé à faire des choses que tu n’aurais jamais imaginé faire."

Tout cela a un prix, pour la santé mentale comme pour la santé physique.

« Tu vis en marge de la société, tu vois les autres qui ont tout. Ce stress te ronge au quotidien, il pèse sur ta santé mentale et ton image de soi, parce que tu veux juste être comme les autres. C’est parce que tu souffres que tu te comportes de manière étrange. »

Un refuge dans le bénévolat

Il avait lui aussi peur que la situation ne lui monte à la tête. Il a donc décidé de structurer ses journées avec du bénévolat. "J’encadrais des activités pour les enfants ou je participais à des événements organisés par des associations."

Il participait à tout événement possible, de toute association possible : "Une activité se terminait à 14h, une autre commençait à 17h. Je savais où aller, et cela me permettait d’occuper mes journées", raconte Fortunat.

Sans structure, c’est très difficile, reconnaît-il. "Si tu n’as pas d’activités, ou si tu n’es pas bien intégré dans le réseau des associations, même les journées sont dures. J’ai réussi à me créer une ‘vie normale’, mais vivre dans la rue, ce n’est jamais normal."

À terme, les sans-abri peuvent adopter des comportements dangereux, mais ce problème, selon Fortunat, est créé par la société elle-même :

« On ne les aide pas, et leur situation, ainsi que leur état mental, se détériorent chaque jour. On préfère ensuite pointer du doigt la personne elle-même, mais un être humain est toujours influencé par la société dans laquelle il vit. »

Mettre son expertise au service des autres

Grâce à ses années de bénévolat dans différentes organisations, Fortunat a acquis une certaine expertise. Une fois régularisé en 2023, il a rapidement trouvé un emploi au Brussels Platform Armoede.

« Laisser des gens vivre dans la pauvreté, c’est les laisser mourir à petit feu, je l’ai moi-même vécu. C’est pour cela que je veux maintenant aider d’autres personnes dans cette situation. Je ne peux pas leur offrir de papiers ou de logement, mais je peux les conseiller ou les orienter vers des aides. Je parle leur langage, je sais comment les atteindre. Et c’est vraiment le minimum que je puisse faire. »

Fortunat (52) leefde 7 jaar op straat in Brussel en helpt nu andere dak- en thuislozen: "Op straat leef je in andere wereld"

lisez l'interview sur vrt nws

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