Dimanche 6 avril, le soleil nous a aidés à braquer les projecteurs de la manifestation de l'Action Logement sur la crise du logement gigantesque dans notre pays et à Bruxelles en particulier :
🏘️ loyers inabordables, recherches interminables de logement, conditions de vie insalubres, expulsions…
❗ Se loger dignement à Bruxelles devient de plus en plus difficile (voire impossible) pour de plus en plus de personnes.

Le logement est un droit, que tout le monde doit pouvoir vivre dans un logement digne, salubre et abordable!
La manifestation du 6 avril s’inscrit dans un appel européen pour le droit au logement et à la ville. Nous avons cinq revendications. Elles sont radicales parce qu’elles osent affirmer que nous avons compris que le problème est à la racine et que les solutions sparadraps ne suffisent pas et nous épuisent. Alors non, nos revendications ne sont pas folles, elles sont pragmatiques, elles sont nécessaires.

Il y a 7% de logements sociaux à Bruxelles, alors que près de la moitié des habitant.es de Bruxelles est dans les conditions pour occuper un logement social. Et le logement social et le seul logement dont le loyer revient à la collectivité. C’est pourquoi nous voulons plus de logements sociaux !

Il y a chaque année à Bruxelles au moins 4000 expulsions prononcées par un juge. C’est près d’un ménage sur 100. Nous avons obtenu un moratoire hivernal sur les expulsions, et c’est une excellente chose. Mais, les expulsions abîment, les expulsions appauvrissent, les expulsions ont de graves conséquences sur la santé physique et mentale. Et si 80% des expulsions font suite au non paiement de loyers, ce ne sont pas simplement parce que ces loyers sont impayés, mais parce qu’ils sont impayables. C’est pourquoi, nous réclamons la fin des expulsions.

Au moins 10.000 personnes à Bruxelles n’a pas de logement, pas de chez-soi. Vivre en rue c’est survivre. La gestion du sans-chez-soirisme est coûteuse, inefficace et violente. Il est possible de faire autrement. Nous réclamons la fin du sans-chez-soirisme.

A Bruxelles, des dizaines de milliers de personnes vivent surexploitées parce qu’elles n’ont pas de papiers. Sous-payées, mal soignée, mal traitées par les institutions, violentées par la police et extorquées par des propriétaires. Nous réclamons la régularisation des personnes sans-papiers.

Et puis, 60% des habitantes et habitants sont des locataires sur le marché privé. Se loger coûte 35 à 70% des revenus ! En fait c’est bien simple, sur les dix dernières années, les loyers ont augmentés de 20% en plus de l’inflation. Les loyers sont trop cher, et ces loyers trop chers nous empêchent de vivre. Ils empêchent les séparations nécessaires, l’indépendance et l’émancipation. La compétition sur le marché nous oblige à mentir et écraser les autres pour avoir le droit de payer trop cher des logements, souvent de mauvaises qualités. Et il y a des avancées : les loyers abusifs peuvent désormais être contestés en Commission paritaire locative et même en justice de paix. Mais nous continuons à dire qu’il faut aller plus loin : La solution ne viendra pas du marché privé dérégulé. Le marché doit être régulé, il faut baisse des loyers !

Le droit au logement c’est un combat que nous menons Tous les jours. C’est une lutte que certain.es embrassent par conviction politique, tandis que d’autres n’ont pas le choix et doivent la mener, parce qu’elle est leur quotidien.

Nous savons, et nous avons raisons de penser, que ce combat nous concerne toutes et tous. Car le logement est une question collective et que ne pas garantir à chacun.e un lieu où vivre dignement est un choix politique.

Avec l' Action Logement nous sortons dehors pour dire les violences qui souvent se déroulent caché.es. Cachée dans les appartements insalubres et dangereux, caché.es les relations menaçantes entre bailleur et locataire, cachées les maltraitances de certains services publics, cachées dans les structures d’accueil. Et en rue, chassées par la police et les politiques publiques indignes.

Nous luttons et la lutte paie, à Bruxelles nous avons obtenu des choses : un moratoire hivernal, une révision de l’ordonnance du bail, une commission paritaire, et depuis quelques jours une grille contraignante pour les loyers dits abusifs. Aussi restreintes que soient ces avancées, elles vont dans la bonne direction. Et parce qu’elles sont dans nos intérêts, elles sont aujourd’hui attaquées à l’échelle fédérale. Mais ON ne lachera pas. On ne lache rien : ce mouvement d’habitant.es, de collectifs, d’associations, est en construction permanente, il est dynamique et nous en sommes la preuve

6 avril 2025 était une belle journée avec une belle manifestation !
C’est une journée parmi les autres, car notre engagement et nos luttes ne sont pas nées hier et ne mourront pas demain. Et nous obtenons des victoires !
Tous les jours il se passe des choses : des luttes contre les expulsions, des ouvertures et des défenses de squats, des soutiens juridiques, des mails, des coups de fils, des voisins qui se parlent et qui s’aident, des captations de logement pour le housing first, des socialisations du parc, des démembrements, des gens qui témoignent de ce qu’ielles vivent.

En Europe aussi il se passe des choses : Airbnb a été grandement attaqué en Espagne, des coopératives sociales naissent partout, les régulations de loyers commencent à porter leurs fruits.

La lutte est longue, mais elle est indispensable. C’est l’histoire d’un jeu, celui du tir à la corde. Il y a des intérêts qui tirent des deux côtés. Et si on s’arrête de tirer, nous perdons, nous nous faisons emporter par la corde. Et tous les combats sont liés : pour un salaire digne, une sécurité sociale forte, pour le droit au logement, pour la régularisation des personnes sans papier, contre les politiques néolibérales et fasciste qui se mettent en place, et j’en passe !
Et comme nous n'avons d'autre choix que de continuer à tirer cette corde, je nous souhaite à tous des lieux où cela nous rend plus forts et nous propulse vers l'avant. Des lieux où nous pouvons lutter ensemble.
A la fin on gagne et d’ici là, on lâche rien !